Artisan et technicien du bois, artiste dans l’âme, Yoann Bonhoure a suivi un cursus complet dans le but de vivre de sa passion. Après un CAP ébénisterie puis cinq ans d’école des beaux arts, il avait tous les outils en main pour créer son entreprise de restauration de monuments historiques à Albi. Récemment, il a déménagé à Lescure d’Albigeois dans un atelier à la grandeur de ses projets.
Passionné par le travail du bois, Yoann Bonhoure a commencé à fabriquer ses propres objets dès l’âge de 14 ans. Guidé par l’art, il s’oriente vers la sculpture sur bois en apprentissage puis la taille de pierre chez les Compagnons et enfin cinq ans d’école des beaux arts à Toulouse. « Un parcours complet qui mêle des formations artisanales très techniques et un cursus complet en école d’art où j’ai appris l’histoire de l’art, le dessin, la sculpture, l’histoire du patrimoine » relate Yoann.
En 2015-2016, il se perfectionne à la fondation Coubertin et obtient un diplôme de haut niveau reconnu en menuiserie d’art.
Un parcours qui lui a permis d’apprendre beaucoup avant de revenir au travail du bois en lui-même en créant son entreprise d’ébénisterie d’art en 2017. Au fil des ans il développe son activité dans le domaine de la restauration de monuments historiques, « Ce qui est le cœur de mon métier aujourd’hui ».
Des projets d’envergure
Son expertise lui permet de remporter son premier appel d’offres : la restauration de la chapelle royale de Rodez, Monument historique, avec un travail de conservation d’ébénisterie et de peinture sur bois. S’en suivra le chantier de la chapelle Sainte-Anne de Toulouse. Sa carte de visite s’étoffe et lui permet de remporter en 2022 un projet colossal : la restauration de l’église Notre dame du Taur à Toulouse.
Notre dame du Taur à Toulouse, une restauration exceptionnelle
Il s’agit d’un très long chantier de deux ans comprenant la totalité des menuiseries et du mobilier de l’édifice. Un tournant également dans la vie de son entreprise, qui se développe alors considérablement et doit embaucher six employés pour assurer cette mission. Face aux dimensions gargantuesques des pièces à travailler, l’atelier doit déménager. Yoann Bonhoure trouve son bonheur à Lescure d’Albigeois, dans un atelier de 400 m², apte à recevoir les 270 m² de lambris ouvragé classé à restaurer. Un chantier qui touche à sa fin.
« C’est le projet le plus significatif, le plus difficile depuis la création de mon entreprise mais le challenge a été relevé ».
Les prochains seront l’église Saint-Pierre des Charteux et la salle du conseil municipal du Capitole. « Des chantiers sur lesquels on s’appuie pour candidater dans la région (Ariège, Lot…). »
Une approche historique et technique
Mais au fait, pourquoi autant de projets pour des édifices religieux ? Car l’approche historique est importante, explique-t-il, et parce que « Les églises sont là où sont abrités aujourd’hui la plupart des ouvrages en bois classés, d’époque du XVIIe au XIXe siècle qui demandent aujourd’hui à être restaurés ou conservés ». Un travail très spécifique, suivi par les conservateurs départementaux, par les architectes, répondant à un cahier des charges précis.
« Ce sont des monuments qui permettent un travail de fond : dorure sur bois, ébénisterie, sculpture, polychromie sur bois mais aussi menuiserie avec les portes, fenêtres, escaliers… C’est le biais le plus fort que j’ai trouvé pour travailler le bois massif dans ses formes les plus nobles ».
Aujourd’hui le métier évolue avec des techniques nouvelles comme les injections de résine mais cela doit se faire toujours dans l’optique de la réversibilité des opérations, un principe fondamental en restauration : « Toutes nos opérations sont réversibles pour ne pas altérer l’oeuvre originale et permettre de la lisibilité au prochain restaurateur. »
« Ce qui me tient à cœur c’est de restaurer le patrimoine, de travailler en s’inspirant de ce qu’ont fait les anciens, le respecter et le mettre en valeur. »

La restauration d’objets d’art en bois
L’entreprise peut également prendre en charge des cadres de tableaux, des meubles de style, des retables… Retables qui sont d’ailleurs la spécialité de Yoann Bonhoure, qui a appris leurs spécificités.
Ébéniste d’art, un métier exigeant
Outre le savoir-faire manuel, le métier demande des qualités d’analyse : « Chaque fois qu’on est face à un objet, il faut savoir le diagnostiquer pour réaliser ce qu’on appelle un constat d’état ». Des qualités rédactionnelles également, pour rédiger le constat d’état qui doit être compréhensible de tous : le conservateur, l’architecte, le client, la mairie. Sans oublier le travail de minutie à l’atelier, notamment pour les parties malades du bois qui sont traitées à l’insecticide puis consolidées.
Une équipe pluridisciplinaire
David, Compagnon menuisier, est fabricant, il travaille en atelier.
Nicolas ébéniste restaurateur.
François chef de chantier.
Timothée menuisier, issu du compagnonnage.
Salma, assistante administrative.
Mathilde, spécialisée en restauration de sculptures et bois polychrome.
Agnès, qui travaille beaucoup sur chantiers pour la partie finitions.
Yoann Bonhoure souligne que le métier s’est féminisé : « En ébénisterie c’est 50 % des effectifs ».
L’art, une passion de famille
Si l’envie du travail du bois est venue à Yoann sans préalable, il faut tout de même noter que son grand-père, carrossier d’art, n’y est pas pour rien : « Sa façon de faire m’a inspiré ».