La Mappa mundi d’Albi est l’une des plus anciennes cartes du monde connu conservées à ce jour, non symbolique ni abstraite. Elle date de la deuxième moitié du VIIIe siècle. C’est un document d’une importance exceptionnelle pour l’histoire mondiale de la cartographie, et, plus largement, pour l’histoire de la représentation de l’espace, et donc l’histoire de l’humanité.

La Mappa mundi d’Albi est inscrite au registre « Mémoire du monde » de l’Unesco depuis 2015.

La Mappa mundi d’Albi est conservée au sein d’un manuscrit (Ms 29 (115)) comprenant 77 feuillets, constituant un recueil de 22 pièces de textes différents, intitulé au XVIIIe siècle « Miscellanea » (recueil). Elle est immédiatement suivie d’un Index des vents et des mers.

Ce manuscrit fait partie de ceux qui ont constitué la bibliothèque du chapitre de la cathédrale d’Albi : au verso de la page de garde volante, en début d’ouvrage, se trouve l’ex-libris (marque d’appartenance) tracé dans une écriture du XVIIIe siècle : « Ex-libris Ven. Capituli Ecclesiae Albiensis » (« Fait partie du vénérable chapitre de l’Eglise d’Albi »).

C’est un manuscrit sur parchemin. Il s’agit probablement d’une peau de mouton, ou, compte tenu de l’origine méridionale du document, de chèvre. Il s’agit d’une peau relativement épaisse, au côté « poil » très jaune, avec des perforations d’origine (dégradation de la peau dues à des blessures de l’animal) et une taille irrégulière des feuillets. Ces éléments sont tout à fait caractéristiques des manuscrits sur parchemin du VIIIe siècle.

Le manuscrit est en excellent état de conservation.

En bref :

  • L’une des plus anciennes cartes du monde connu conservées à ce jour.
  • Elle date du VIIIe siècle.
  • Elle a peut-être été réalisée à Albi, sinon en Septimanie.
  • Elle mesure 27 x 22,5 cm.
  • Elle mentionne 12 noms de vents et 35 noms de mers.
  • Elle a servi, dès sa création et jusqu’au XIe siècle au moins, comme document pédagogique pour l’enseignement.

La Mappa mundi en quelques questions

Son caractère exceptionnel et unique tient au fait que La Mappa mundi d’Albi est le plus ancien document conservé d’une représentation globale et non abstraite du monde habité, à l’exception de deux tablettes (l’une mésopotamienne (vers – 2600), et l’autre babylonienne (- 600).

Dans les réserves de la médiathèque Pierre-Amalric, à l’abri de la lumière, de l’humidité et de la poussière. Elle est très rarement exposée pour des raisons de conservation.

La carte est incluse dans l’un des manuscrits du VIIIe siècle provenant de la bibliothèque du chapitre cathédral de Sainte-Cécile. Ce manuscrit comprend 156 pages, constituant un recueil de 22 pièces de textes différents.

On l’ignore. Il est possible qu’elle ait été réalisée à Albi, sinon en Septimanie correspondant à une partie du Sud de la Gaule. L’hypothèse qu’elle ait été faite en Espagne n’est pas exclue. Si elle n’a pas été dressée à Albi, c’est en tout cas l’évêque de la cité qui l’y a fait venir en vue d’enrichir d’une œuvre majeure le centre spirituel qu’était Albi au VIIIe siècle.

Le manuscrit et la carte ont eu à l’origine une fonction pédagogique. Faisant partie d’un recueil consacré à l’enseignement de la grammaire, de l’histoire et de la géographie, elle servait à donner une vision du monde et à constituer un outil pour mieux comprendre la géographie et par là même, l’histoire. Peut-être a-t-elle dû aussi contribuer à la méditation contemplative, en offrant le même regard que Dieu sur le monde : une vue du ciel !

La carte a été conservée dans la bibliothèque du chapitre cathédral tout au long du Moyen-Âge, où elle a été utilisée régulièrement. Entre le XIIe et le XVIIIe siècle, peu d’éléments sur l’histoire de ce document subsistent. On sait juste que la reliure a fait l’objet de restaurations au XVIIe puis au XVIIIe siècle. Échappée des flammes à la Révolution (l’ensemble des archives de la cathédrale a brûlé), elle est devenue bien d’État et a été confiée à la ville. En 1843, la carte a failli être vendue. En 1908, elle prend place dans la bibliothèque de l’hôtel Rochegude avant d’être transférée dans les réserves de la médiathèque en 2001.

Une exposition a été réalisée sur La Mappa mundi et présentée durant l’été 2015 à la médiathèque et au musée Toulouse-Lautrec. Elle est disponible en prêt pour les CDI de collèges et de lycées. Suite à un appel à projets du ministère de la Culture, plusieurs projets ont été retenus pour bénéficier d’une subvention de l’État, parmi lesquels cette exposition, la réalisation d’un fac-similé de la carte, l’acquisition d’une boîte de rangement ignifugée et d’une vitrine de conservation. Un colloque autour de La Mappa mundi et la représentation de l’espace est prévu également en collaboration avec le centre universitaire Champollion en octobre 2016. Au même moment, sera présentée une exposition sur les collections de cartes géographiques anciennes conservées à la médiathèque, dans laquelle elle prendra toute sa place. Ces projets étant nombreux, une recherche de mécénat culturel est en cours : avis aux amateurs !

Pour aller plus loin

L’orientation de la carte est différente de celle que nous connaissons avec l’Est en haut de la page, figurant le siège du Paradis terrestre. C’est l’une des premières tentatives de représenter le monde selon la forme et la dimension de la Terre et non pas de manière symbolique ou abstraite.

La carte fait mention de 23 pays et de 3 “continents”. 51 noms de villes, de pays, de fleuves et de mers sont visibles.

Le monde connu à cette époque se limite aux pourtours de la Méditerranée. La partie centrale de la carte est donc occupée par la mer, peinte en vert sombre.

Au Nord, soit sur la gauche, apparaît l’Europe ; les trois péninsules des Balkans, de l’Italie et de l’Espagne se détachent sur la mer. De l’autre côté, les terres africaines. Le tout est entouré d’un océan, tel qu’on l’imaginait alors.

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